La vape sera-t-elle bientôt remboursée en pharmacie ?

Publié le : - Catégories : LA FUUSINE , LE BLOG

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Une déclaration fracassante du ministre de la Santé et le web s’enflamme. Fuu décrypte ce qui se joue et vous dit tout.

Rembourser la vape aux fumeurs pour les aider à franchir le pas et entrer dans une vie sans tabac serait une mesure de santé publique logique et rentable. Le tabac est la première cause de décès évitable en France et représente un coût social majeur. Contrairement aux idées reçues, il coûte plus cher à l’État que les recettes fiscales générées par les taxes sur les cigarettes.

De son côté, la vape a démontré, malgré toute l’adversité, qu’elle était :

  • la meilleure solution pour arrêter de fumer (les études sont nombreuses et unanimes).
  • qu’elle représentait un risque nettement moins important que le tabagisme (démontré par de très nombreuses études denses et sérieuses)
  • qu’elle était la solution préférée des Français pour en finir avec le tabac

La logique voudrait donc que la vape soit prise en charge en partie par la sécurité sociale. Cependant, ce n’est pas si simple, car les implications et les défis sont nombreux !

Rembourser la vape, à la fois une bonne et mauvaise idée

La prise en charge de la vape par la sécurité sociale présente plusieurs avantages théoriques :

  • acceptabilité sociale du vapotage : la vape est perçue comme une solution et non comme un problème. Les autorités publiques se rangent du côté de la raison scientifique et font la promotion de cette fantastique solution de sevrage
  • accessibilité du vapotage : les remboursements facilitent l’achat de l’équipement et des e-liquides et permettent aux moins aisés d’être bien équipés
  • protection du vapotage : pour rembourser la vape, il faut qu’elle existe, ce qui revient donc à la protéger de trop de barrières

Alors, tout est rose ? Non, pas vraiment ! La vape est un produit complexe et il va être très difficile de la rembourser.

Depuis son émergence en France, la vape indépendante a démontré sa capacité à innover à tous les niveaux : diversité du matériel, hyper diversité des e-liquides, il y a quasiment autant de "vapes" que de vapoteurs. C'est ce qui fait le succès de la méthode vape : elle peut s'adapter à chacun d’entre nous et apporter des solutions quasiment sur-mesure.

Cette diversité et le dynamisme marketing ont complètement bouleversé la façon d’appréhender un problème sanitaire : au lieu de créer un médicament standard, un produit “cool” est venu séduire les consommateurs pour leur donner envie d’arrêter de fumer.

Pour rembourser la vape, tout le défi va donc être de pouvoir préserver le côté cool et varié du vapotage, un sacré  challenge pour la sécurité sociale et les autorités de santé.

Le remboursement des médicaments : un processus très réglementé incompatible avec le vapotage

Pour rembourser des médicaments, de nombreux mécanismes sont en place et visent à garantir que la dépense faite par la sécurité sociale soit la plus efficace possible. On ne peut que soutenir cela, les abus ayant été tellement nombreux dans l’histoire. Il en serait donc de même pour le vapotage et pour arriver à le rembourser efficacement, il faudrait donc que celui-ci se conforme à de très nombreuses règles contraignantes et coûteuses. Notre intuition : il est impossible à ce jour de rembourser la vape selon les mécanismes standards existants.

Soit c’est la sécu qui change, soit c’est la vape qui change

Le défi sera donc de rembourser la vape sans la forcer à devenir un médicament standard et donc à nuire à l’efficacité de la méthode vape. Pour cela, une option intelligente existe selon nous : un forfait annuel ou mensuel ou trimestriel standard qui permet d’obtenir le remboursement d’une partie de son matériel et de ses e-liquides après visa du médecin traitant. Peu importe ce que vous achetez, ce qui compte c’est que vous vapotiez et que vous soyez suivi par un professionnel de santé pour augmenter vos chances de succès d’arrêt du tabac ! Autre piste créative, l’initiative anglaise récente qui va amener l’agence de santé publique anglaise à offrir un million de kits débutants aux fumeurs qui seront aussi suivis au niveau comportemental. Affaire à suivre.

Quelques études de référence : 

Hajek P., Phillips-Waller A., Przulj D., Pesola F., Myers Smith K., Bisal N., Li J., Parrott S., Sasieni P., Dawkins L., Ross L., Goniewicz M., Wu Q., McRobbie H.J., (2019). "A Randomized Trial of E-Cigarettes versus Nicotine-Replacement Therapy". New England Journal of Medicine, 380(7), 629-637. doi: 10.1056/NEJMoa18087791.

Shahab L., Goniewicz M.L., Blount B.C., Brown J., McNeill A., Alwis K.U., Feng J., Wang L., West R., (2017). "Nicotine, Carcinogen, and Toxin Exposure in Long-Term E-Cigarette and Nicotine Replacement Therapy Users: A Cross-sectional Study". Annals of Internal Medicine, 166(6), 390-400. doi: 10.7326/M16-11072.

Bullen C., Howe C., Laugesen M., McRobbie H., Parag V., Williman J., Walker N., (2013). "Electronic cigarettes for smoking cessation: a randomised controlled trial". The Lancet, 382(9905), 1629-1637. doi: 10.1016/S0140-6736(13)61842-53.

National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine. (2018). "Public Health Consequences of E-Cigarettes". Washington, DC: The National Academies Press. doi: 10.17226/249524.

Nutt D.J., Phillips L.D., Balfour D., Curran H.V., Dockrell M., Foulds J., Fagerstrom K., Letlape K., Milton A., Polosa R., Ramsey J., Sweanor D., (2014). "Estimating the Harms of Nicotine-Containing Products Using the MCDA Approach". European Addiction Research, 20(5), 218-225. doi: 10.1159/0003602205.

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